Oct 28, 2025

Omnibus I : quand l’Europe hésite, les entreprises résilientes avancent

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Omnibus I : pendant que la régulation s’enlise, les entreprises résilientes créent de la valeur.

 

1. Un vote inattendu qui ravive l’incertitude réglementaire

 Mercredi 22 octobre, le Parlement européen a rejeté le mandat de négociation (trilogue) sur le paquet Omnibus I, par 318 voix contre 309. Ce texte visait à simplifier certaines obligations issues de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et de la CS3D (Corporate Sustainability Due Diligence Directive).

Son rejet reporte à novembre le débat en plénière, retardant la perspective d’un compromis sur deux piliers majeurs du Green Deal européen.

En clair : les entreprises qui espéraient une simplification de leurs obligations de reporting ESG ou de due diligence devront continuer à composer avec l’incertitude — sur les formats, les échéances et le niveau de détail exigé.

 

2. Derrière l’incertitude réglementaire, un risque de pilotage accru

 Ce rejet révèle un paradoxe : les entreprises attendent de la réglementation à la fois plus de clarté et moins de contraintes, mais cette absence de positionnement politique rend plus difficile toute planification stratégique à court et moyen terme. Les obligations de transparence sur les risques physiques restent au cœur de l’agenda européen, mais sans calendrier clair. Pour les directions financières et les risk managers, cela crée un nouveau risque : celui de l’immobilisme.

 Attendre que “la fumée blanche” sorte, c’est risquer de prendre du retard sur :

  • l’identification des actifs et processus les plus exposés,

  • l’évaluation du coût de l’inaction et des investissements à prioriser,

  • la mise à jour des indicateurs de résilience,

  • et la gestion du coût du capital dans un contexte d’inassurabilité croissante.

 

3. Pendant que l’Europe débat, le climat agit déjà

 Alors que Bruxelles s’enlise dans les procédures, les tempêtes automnales qui pointent le bout de leur nez rappellent que le climat, lui, ne négocie pas. Les inondations, les vents violents et les interruptions d’activité vont immanquablement se succéder, et fragiliser les chaînes d’approvisionnement et les sites critiques des entreprises qui n’ont rien mis en place.

 Pendant que certaines entreprises attendent le trilogue — cette négociation entre le Parlement, le Conseil et la Commission censée rapprocher les positions politiques — les acteurs américains avancent. Selon le rapport Tailwind 2024, les gestionnaires publics et privés américains ont investi plus de vingt fois ce que leurs homologues européens consacrent à l’adaptation et à la résilience. Une différence qui s’explique par un constat simple : aux États-Unis, la résilience est considérée comme un investissement stratégique pour continuer à produire et préserver la valeur de l’entreprise, pas une contrainte réglementaire.

 

4. L’adaptation crée de la valeur mesurable

 Les premiers retours des entreprises qui gèrent leur exposition financière aux risques climatiques sont éloquents : l’adaptation génère de la valeur économique tangible et mesurable :

  • Les entreprises qui intègrent le risque physique dans leur gestion affichent jusqu’à +15 % d’écart de valorisation par rapport à celles qui ne le font pas.

  • Les systèmes d’alerte et de continuité permettent jusqu’à 20 % de pertes évitées et 70 % de ruptures d’approvisionnement en moins.

  • Chaque euro investi dans la résilience produit 8 à 13 euros de gains directs et indirects — en dommages évités, productivité préservée et meilleure assurabilité.

 

5. Transformer l’incertitude en décisions stratégiques et financières

 Les entreprises les plus performantes ne se contentent pas d’attendre la prochaine directive : elles prennent sans attendre la main sur leur exposition climatique et financière. Grâce à des diagnostics robustes, des indicateurs financiers actionnables (Expected Annual Loss, Climate Value at Risk, coût de l’inaction) et des outils d’aide à la décision, elles :

  • anticipent les attentes réglementaires plutôt que de les subir ;

  • mesurent leur exposition financière réelle, site par site, portefeuille par portefeuille ;

  • pilotent leur résilience comme un actif stratégique ;

  • et valorisent leur transparence auprès des investisseurs, assureurs et partenaires.

Ces entreprises ne cherchent pas à être conformes : elles gèrent leur risque et construisent un avantage compétitif durable.

 

6. Le message à retenir : la résilience reste une valeur sûre

L’épisode Omnibus I illustre la difficulté de concilier ambition climatique et simplification administrative. Mais il ne doit pas occulter le fait que le risque climatique est risque financier.

Les marchés, les assureurs et les investisseurs l’ont déjà intégré dans leurs décisions.
Les entreprises qui choisissent d’agir dès aujourd’hui sécurisent leur rentabilité, leur capacité d’investissement et leur attractivité et leur valeur à long terme. Elles transforment l’incertitude climatique en levier de performance durable et mesurable.