31 oct. 2025

MSCI révèle une mutation majeure : les entreprises intègrent le risque climatique dans leurs décisions financières

ACTU

Nouveau rapport sur la résilience des entreprises : Les grands groupes intègrent le risque climatique dans leurs comptes et leurs décisions

 

Le Corporate Resilience Survey 2025 de MSCI confirme une transformation profonde : la résilience climatique s’impose désormais comme un pilier stratégique et financier de la performance des entreprises. Plus de 80 % des organisations interrogées ont été directement touchées par des événements extrêmes au cours des cinq dernières années, et la grande majorité intègre désormais le risque physique dans ses décisions financières. Une mutation structurelle est en cours : la résilience n’est plus un sujet RSE, c’est un enjeu économique et de gouvernance.

 

Des risques devenus systémiques

Plus de 80 % des entreprises interrogées déclarent avoir été directement touchées par des événements climatiques extrêmes au cours des cinq dernières années. Les phénomènes les plus cités sont les tempêtes violentes (62 %), la chaleur extrême (49 %) et les inondations (47 %).
Ces perturbations se traduisent par des hausses de coûts opérationnels, des dommages aux infrastructures et une baisse de revenus, mais aussi par des impacts sur la santé et la sécurité des salariés : « La gestion du risque physique se joue désormais sur le terrain – dans les usines, les entrepôts, les points de vente et jusque dans les conseils d’administration. » — MSCI Institute

 

Le risque physique devient un risque financier

 L’étude révèle que 85 % des entreprises estiment leurs pertes potentielles liées aux aléas climatiques, et 94 % ont engagé ou achevé des analyses de risques spécifiques à leurs sites.
Ces diagnostics reposent sur des horizons temporels courts : 68 % des entreprises concentrent leurs évaluations sur les 2 à 5 prochaines années, témoignant d’une approche pragmatique centrée sur les risques immédiats.

Cette intégration du risque climatique dans les décisions financières confirme une tendance lourde : le risque physique est désormais reconnu comme un risque financier. Les entreprises les plus exposées à des événements tels que les ouragans ou les inondations affichent un coût du capital plus élevé, tandis que celles ayant investi dans la résilience obtiennent de meilleures conditions d’assurance et de financement.

 

Une gouvernance de plus en plus structurée

 

La résilience climatique s’impose jusqu’aux plus hauts niveaux de gouvernance :

  • 76 % des entreprises disposent d’un cadre formel de gestion du risque physique ;

  • 61 % lient la rémunération des dirigeants à la performance en matière de résilience ;

  • Les outils mobilisés vont du monitoring en temps réel aux modèles de simulation climatique.

 Cette formalisation traduit le passage d’une approche de conformité à une stratégie intégrée de gestion du risque climatique, souvent pilotée conjointement par les directions des risques, des opérations et de la finance.


 Qui a répondu à l’enquête ?

 Le panel du Corporate Resilience Survey 2025 comprend 550 répondants issus de 15 marchés (Amériques, Europe, Moyen-Orient et Asie-Pacifique).

La majorité des entreprises sont de grande taille :

  • 67 % affichent un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard USD,

  • 27 % entre 250 millions et 1 milliard USD,

  • seulement 6 % réalisent moins de 250 millions USD de revenus.

 Les fonctions représentées sont principalement opérationnelles (53 %), suivies des directions financières et risques (27 %), puis sustainability/ESG (13 %).

 Cette faible représentation des petites entreprises est un point critique : ce sont pourtant celles les plus exposées aux risques physiques, car elles dépendent souvent d’un nombre restreint de sites, disposent de moins de leviers financiers (négociation avec les assureurs, diversification des fournisseurs) et de moyens limités pour gérer le risque.

 Néanmoins, le fait que la mobilisation commence par les grands groupes est cohérent avec les dynamiques observées dans d’autres domaines financiers : la gestion du risque de change, de taux ou de matières premières a d’abord émergé chez les grandes entreprises avant de se diffuser progressivement aux PME et ETI. On peut donc s’attendre à un effet d’entraînement similaire sur la gestion des risques climatiques et l’investissement dans la résilience.

 

Investir dans la résilience : un pari gagnant

Les entreprises ne se contentent plus de mesurer leur exposition : elles agissent.

  • 82 % rapportent un retour positif sur leurs investissements en résilience,

  • 67 % ont vu leurs conditions d’assurance s’améliorer,

  • 68 % notent un intérêt accru des investisseurs.

 Les stratégies adoptées combinent trois leviers :

  1. Solutions d’ingénierie (renforcement des infrastructures, gestion des eaux pluviales, élévation des fondations) ;

  2. Solutions numériques (jumeaux numériques, prévisions météorologiques avancées, capteurs IoT) ;

  3. Solutions fondées sur la nature (toitures végétalisées, restauration des zones humides, reforestation).

 

 Une vision encore incomplète de la résilience comme opportunité

 Si la résilience est largement vue comme un enjeu de continuité d’activité, elle reste encore peu exploitée comme levier de création de valeur : seuls 20 % des répondants proposent des produits ou services aidant leurs clients à s’adapter aux impacts climatiques.

Pourtant, le marché des solutions d’adaptation – matériaux résistants, infrastructures durables, outils de prévision – est en plein essor. Les leaders de demain seront ceux qui transformeront la contrainte climatique en moteur d’innovation et de compétitivité.

Une anticipation prudente d’un futur plus chaud

Enfin, 99 % des entreprises reconnaissent que le changement climatique représente une menace économique majeure.

La majorité anticipe une hausse moyenne de la température mondiale de 2 à 3°C d’ici 2100, mais près de 40 % redoutent un réchauffement supérieur à 4°C.

 

En conclusion

 Les résultats de l’enquête MSCI confirment une évolution majeure :

Les entreprises ne perçoivent plus la résilience climatique comme une option, mais comme une condition de survie économique.

 Pour les acteurs financiers, assureurs et régulateurs, cette convergence entre risque physique et performance financière redéfinit la manière de mesurer la valeur et la pérennité d’une entreprise.

 Le défi n’est plus seulement de se protéger contre le climat, mais de réinventer les modèles économiques à l’épreuve du climat.